Qu’en dit la science ?

L’effet Controlatéral

Réalisé par L.EYNAUD

Publié le 16 novembre 2024

Il est possible de rééduquer un membre lésé sans le bouger !

Les travaux de Magnus et coll. (2010) démontrent scientifiquement que ce phénomène ne relève pas de l’imagination ou de la visualisation ! [1]

L’immobilisation d’un membre, après une opération notamment, réduit le volume, la force ainsi que l’activation musculaire générale.

La dégradation de la force musculaire est majorée les deux premières semaines d’inutilisation et constitue un déclin total de 60% entre les 5èmes et 6èmes semaines d’arrêt de travail musculaire. Pour le volume musculaire en revanche, il a été montré que peu de décroissances sont visibles jusqu’à 3 semaines d’inertie. [2]

Pour contrer ces effets, une rééducation dite « croisée » peut-être envisagée : il s’agit d’entraîner le membre homologue opposé pour parvenir au renforcement controlatéral du membre lésé. Celui-ci est plus important lorsque les exercices réalisés sont inhabituels. 

La source de ce phénomène fascinant du corps humain pourrait bien venir de diverses mécanismes neuronaux, pour la plupart encore trop méconnus. [3]

Selon Farthing et coll., un entraînement unilatéral parvient à créer un ensemble de stimuli préparatoires dans le membre immobilisé. [4]

Il faut donc mettre en place une activité de type renforcement musculaire sur le membre mobile, à raison de 3 séances progressives par semaine pendant 4 semaines. L’étude qui a été réalisée en 2010 et qui s’axe sur la rééducation de l’épaule à partir d’un travail de flexions et d’extensions isométriques du coude, est programmée sur la base du protocole suivant :

  • effort maximal sur chaque répétition ;
  • temps sous tension isométrique de 3s ;
  • temps de repos entre chaque répétition de 3s ;
  • temps de repos entre chaque séries de 1min ;
  • initiation du programme à partir de 3 séries de 8 répétitions pour arriver à 6 séries de 8 répétitions à la fin du programme ;
  • réduction progressive une fois le programme terminé jusqu’à 3 séries de huit répétitions.

Cette technique, suivant l’effet controlatéral, est ainsi à privilégier lorsqu’une immobilisation prolongée est en cours. Tout en assurant une activité à caractère progressif, il faut diversifier ses activités afin de permettre le maintient des différentes aptitudes physiques comme celle de la VO2max.

L’activité seule d’un enseignant en APA ne suffit pas à la rééducation post-opératoire, mais un accompagnement global et pluridisciplinaire alliant médecin et kinésithérapeute est nécessaire.


[1] Magnus CRA, Barss TS, Lanovaz JL and Farthing JP. Effects of cross-education on the muscle after a period of unilateral limb immobilization using a shoulder sling and swathe. J Appl Physiol 109 : 1887-1894, 2010.
[2] Miles MP, Heil DP, Larson KR, Conant SB, Schneider SM. Prior resistance training and sex influence muscle responses to arm suspension. Med Sci Sports Exerc 37 : 1983-1989, 2005.
[3] Carroll TJ, Herbert RD, Munn J, Lee M, Gandevia SC. Controlateral effects of strenght training : evidence ans possible mechanisms. J Appl Phsiol  101 : 1514 – 1522, 2006
[4] Farthing JP, Krentz JR, Magnus CRA. L’entraînement de la force du membre libre atténue la perte de force pendant l’immobilisation unilatérale du membre. J appl Physiol 106 : 830-836, 2009.

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